[00:00:00] Acouphènes - Grand Corps Malade [00:00:00] Written by:Angelo Foley/Grand Corps Malade [00:00:00] Bonjour docteur [00:00:01] J'viens vous voir parce que [00:00:03] J'l'ai jamais trop raconté mais [00:00:04] Mais j'ai des bruits chelous dans la tête [00:00:06] 'Fin dans la tête [00:00:07] Dans dans les oreilles quoi [00:00:08] Ça fait longtemps en fait [00:00:10] Ça ça arrive d'un seul coup [00:00:11] Puis ça revient assez régulièrement [00:00:12] Et puis c'est des bruits enfin [00:00:14] Comme des trucs que j'connais déjà [00:00:16] Et du coup c'est très bizarre [00:00:17] Tout s'mélange un peu c'est [00:00:19] J'sais pas comment dire j'entends comme des [00:00:21] Par exemple [00:00:22] J'entends brassens sur un vinyle chanson pour l'auvergnat [00:00:25] J'entends l'accent d'ma grand-mère quand elle chantait ramona [00:00:27] J'entends la voix d'mes parents de celles qui rassurent [00:00:30] J'entends ma plume sur un papier et les premières ratures [00:00:32] J'entends maguy à la télé qui sonne la fin du week-end [00:00:35] J'entends ma mère pour me bercer qui vient chanter [00:00:37] J'entends la sérénité la quiétude et l'harmonie [00:00:40] J'entends mon premier texte qui parle de famille unie [00:00:42] J'entends ma sœur dans sa chambre qui écoutait les cure [00:00:45] J'entends nos cris d'enfants quand on sortait dans la cour [00:00:48] J'entends la sonnerie du collège qui annonce la fin d'l'heure [00:00:50] J'entends toujours beaucoup plus de fous rires que de pleurs [00:00:53] J'entends les portes du métro et la cohue d'la ligne treize [00:00:55] J'entends l'accent des clandos qui vendent des fritesmerguez [00:00:58] J'entends les piliers d'bars qui philosophent et théorisent [00:01:01] J'entends le clocher d'la mairie qui sonne le temps des cerises [00:01:03] Est-ce que c'est grave docteur tous ces bruits dans mon esprit [00:01:06] Est-ce un trop plein d'souvenirs et mon cerveau qui réagit [00:01:08] Est-ce que ça doit m'faire peur en fait je pense que j'ai compris [00:01:11] Tous ces murmures c'est juste des acouphènes de nostalgie [00:01:34] J'entends les break-beats à l'ancienne et les premiers phrasés hip-hop [00:01:37] J'entends les bombes de peinture j'voulais taguer avec mes potes [00:01:39] Mais j'entends leurs ricanements devant mes tags pathétiques [00:01:42] J'suis retourné faire du sport j'avais un art plus athlétique [00:01:45] J'entends des terrains en parquet des ballons qui rebondissent [00:01:47] Des clameurs en paquets et des semelles qui crissent [00:01:50] J'entends siffler les arbitres et chanter dans les vestiaires [00:01:52] J'entends gueuler l'entraîneur comme si le match était hier [00:01:55] J'entends les vannes les plus folles sur les playgrounds de marville [00:01:57] Les champions d'france de chambrette habitaient tous dans ma ville [00:02:00] Sur ces terrains en bitume j'ai usé tellement d'semelles [00:02:02] J'pouvais jouer au clair de lune et ça sept jours par semaine [00:02:05] J'entends le bel accent corse chaque été loin d'la grisaille [00:02:08] J'entends des chants polyphoniques au lever du jour à morosaglia [00:02:10] J'entends trinquer les moresques et tous ces liens qui se soudent [00:02:13] J'entends qu'on m'appelle fradé j'entends [00:02:16] Est-ce que c'est grave docteur tous ces bruits dans mon esprit [00:02:18] Est-ce un trop plein d'souvenirs et mon cerveau qui réagit [00:02:21] Est-ce que ça doit m'faire peur en fait je pense que j'ai compris [00:02:23] Tous ces murmures c'est juste des acouphènes de nostalgie [00:02:46] Je n'm'inquiète pas docteur de tous ces drôles d'acouphènes [00:02:49] Quand ils arrivent je les écoute je les accueille et j'les aime [00:02:52] Le passé ne me hante pas mais j'oublie pas ses caprices [00:02:54] J'n'ai pas peur de ré-ouvrir deux ou trois cicatrices [00:02:57] Ça y est je ne crains plus tous ces beaux acouphènes [00:02:59] Quand ils arrivent je les écoute je les accueille et j'les aime [00:03:02] Ils sont les codes de mon histoire c'est comme un écho apaisant [00:03:04] Ils forment un rythme une mélodie et ils font danser mon présent