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Sentiments numériques revisités - Hubert Félix Thiéfaine[00:00:00]
Quand les ombres du soir chevauchent sur la lande[00:00:11]
Avec dans leurs passeports Sherwood ou Brocéliande[00:00:15]
Quand les elfes titubent sous l'alcool de sorgho[00:00:19]
Dans les cercles succubes de la Lune en faisceaux[00:00:23]
Quand les vents de minuit décoiffent les serments[00:00:27]
Des amants sous les aulnes d'un hôtel flamand[00:00:32]
Quand tes visions nocturnes t'empêchent de rêver[00:00:36]
Et couvrent ton sommeil d'un voile inachevé[00:00:40]
Je n'ai plus de mots assez durs[00:00:44]
Pour te dire que je t'aime[00:00:51]
Quand les chauves souris flirtent avec les rossignols[00:00:58]
Dans les ruines d'un royaume où mon crâne est mongol[00:01:02]
Quand les syndicats brûlent nos rushes et nos démons[00:01:06]
Pour en finir avec le jugement des salauds[00:01:10]
Quand humpty dumpty jongle avec nos mots sans noms[00:01:15]
Dans le bourdonnement des câbles à haute tension[00:01:19]
Quand tu m'offres épuisée sous l'oeil d'une opaline[00:01:23]
Les charmes vénéneux de tes fragrances intimes[00:01:27]
Je n'ai plus de mots assez durs[00:01:31]
Pour te dire que je t'aime[00:01:38]
Quand les théâtres antiques recèlent nos orgies[00:01:45]
Catal Hoyük airport Manco Capac City[00:01:49]
Quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens[00:01:53]
Avec nos voix blafardes en feed back au matin[00:01:58]
Quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres[00:02:02]
Dans ces nuits tropicales où rugit le grand oeuvre[00:02:06]
Quand l'ange anthropophage nous guide sur la colline[00:02:10]
Pour un nouveau festin de nos chairs androgynes[00:02:15]
Je n'ai plus de mots assez durs[00:02:18]
Pour te dire que je t'aime[00:02:26]
Quand les clochards opposent la classe et l'infini[00:02:49]
A la vulgarité glauque de la bourgeoisie[00:02:53]
Quand les valets de cour[00:02:58]
Plaideurs pusillanimes[00:03:00]
Encombrent de leurs voix nos silences et nos rimes[00:03:02]
Quand aux détours d'un bar tu flingues aux lavabos[00:03:06]
Quelque juge emportant ma tête sur un plateau[00:03:10]
Quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale[00:03:15]
Sur les capteurs influx de ta flamme initiale[00:03:19]
Je n'ai plus de mots assez durs[00:03:23]
Pour te dire que je t'aime[00:03:30]
Quand les traces de Rorschach sur la tôle ondulée[00:03:36]
Servent aux maîtres à tester l'autochtone humilié[00:03:40]
Quand sur la Moleskine des limousines en liesse[00:03:44]
Ils en rient en fumant la mucho cojones[00:03:49]
Quand les cris de l'amour croisent les crocs de la haine[00:03:53]
Dans l'encyclopédie des clameurs souterraines[00:03:57]
Quand je rentre amoché[00:04:01]
Fatigué[00:04:03]
Dézingué[00:04:04]
En rêvant de mourir sur ton ventre mouillé[00:04:05]
Je n'ai plus de mots assez durs[00:04:09]
Pour te dire que je t'aime[00:04:16]
Quand les ombres du soir poursuivent sur la lande[00:04:22]
Le flash des feux arrières d'une soucoupe volante[00:04:26]
Quand le soleil se brûle aux contours de tes reins[00:04:31]
Parmi les masques obscurs d'un carnaval romain[00:04:35]
Quand l'ordre des humains nous sert dans son cocktail[00:04:39]
5 milliards de versions différentes du réel[00:04:44]
Quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine[00:04:48]
Avec les doux murmures des fréquences féminines[00:04:52]
Je n'ai plus de mots assez durs[00:04:56]
Pour te dire que je t'aime[00:05:03]